Pour l’avoir observée en différentes saisons, finalement, je crois que
c’est au printemps que la montagne est la plus belle. Lorsque les cimes sont
encore blanchies de neige et qu’une tendre verdure commence à en recouvrir le
pied. Cette nature encore fragile souligne la force et la vigueur de la roche,
ici pleinement exprimées. Sur ses flancs, où les arbres nus mêlés aux rochers
bruts cèdent peu à peu la place aux bourgeons, premières feuilles et herbes fraîches.
Parcourant une vallée encaissée, à la découverte des nuances de vert clair
propres à cette saison, on tombe nez à nez avec un torrent rugissant, course
empressée et incontrôlable de l’eau. Après avoir dormi de longues semaines sur
les crêtes des montagnes, elle s’éveille pour descendre, tonitruante et enragée,
les versants abrupts, et hurler à la nature qu’il est l’heure de s’éveiller.
Plus loin encore, on sort de la vallée par un col et on découvre à cet endroit
le meilleur point de vue que l’on puisse avoir. La montagne ici prend toutes
ses dimensions. On peut l’observer de loin comme de près, de bas comme de haut,
elle est partout. L’herbe naissante des pâturages, que l’on découvre avant les
troupeaux à venir, tapisse ce vaste espace plat au milieu du relief. L’après-midi
s’avance et le soleil vient jouer avec nous. Par ses rayons, il ajoute un
contraste clair-obscur sur les coteaux qu’il effleure. Dans quelques heures, la
lumière jouera une autre mélodie et dans quelques jours la nature en éveil aura
terminé de déployer ses ailes. Le vert prendra d’autres teintes, plus marquées,
et l’eau poursuivra son périple plus tranquillement. La fragilité de cet
instant, d’ailleurs éphémère, réside en chaque chose. La montagne printanière
est, comme en toute saison, un instant fugace qu’on a le plaisir d’attraper par
chance mais qu’on ne peut retenir que dans ses souvenirs, à l’instar de sa
propre enfance. J’espère que ces quelques mots m’y aideront … peut-être.
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