Paul
avait passé tout les soirs de la semaine à creuser. Le weekend arrivé il avait
annoncé à Sylvie qu’il n’irait pas chez leurs amis pour pouvoir continuer son
travail. Sylvie avait eue beau insister, rien n’y avait fait. Ils avaient
failli se disputer et Sylvie était partie seule et triste. Pour la première
fois elle se retrouvait à aller voir des amis sans Paul. Bien entendu le fait
fut amplement remarqué lors de son arrivé et Stéphane décida de rendre visite à
Paul devant le désarroi de Sylvie lorsqu’elle leur expliqua pourquoi elle était
venue seule. Paul avait rapidement accueilli son ami avant de se remettre au
travail. Stéphane lui avait proposé de l’aide mais Paul avait poliment refusé
en lui disant qu’il était gentil de s’être inquiété pour lui mais que tout
allait bien et qu’il n’allait pas gâcher plus longtemps le weekend de son
meilleur ami. Sans insister davantage ce dernier s’en était retourné. La
semaine passa comme la précédente et le weekend arrivé Sylvie partie sans même
demander à Stéphane s’il voulait venir. Ils ne s’étaient que très peu parlés
dans la semaine. Paul était de plus en plus distant et commençait à passer de
plus en plus de temps à la cave. Sylvie pensait qu’il se passait quelque chose
au travail de Paul et qu’il ne voulait pas lui en parler, une femme peut être.
Du coup il s’enfermait logiquement dans son bricolage pour éviter d’affronter
une discussion avec sa femme. Elle ne savait pas quoi faire et préférait attendre
que ce soit lui qui réagisse le premier. Le samedi suivant, devant son absence
répétée Stéphane alla de nouveau trouver Paul et lui parla des inquiétudes de
sa femme. Le plus sérieusement du monde Paul lui expliqua qu’il ne se passait
rien de particulier mais qu’il fallait qu’il dégage cet endroit le plus
rapidement possible. Maintenant Paul avait retiré suffisamment de terre pour
tenir debout dans le logement qui avait les dimensions d’un petit débarras. Le
plafond était constitué d’une immense plaque rocheuse. Le sol et les murs
étaient, eux, d’une terre que Paul n’avait pas encore creusée. Stéphane lui
demanda pourquoi il continuait de creuser. Paul le regarda avec une lueur
d’incompréhension comme si la réponse était tellement évidente qu’il ne
comprenait pas que son ami puisse la poser : « mais pour trouver
bien sur ! ». Stéphane n’en pouvait plus de voir son ami qui lui
semblait dans un état psychologique de plus en plus inquiétant « Pour
trouver quoi enfin ? Tu ne comprends pas qu’il n’y a rien à trouver ?
Tout le monde s’inquiète : ca fait 15 jours que l’on ne t’a pas vu. Ta
femme s’inquiète. Qu’est qu’il y a de si important à trouver qui justifie tout
ca ? ». Paul lui renvoya un regard
inexpressif : « Laisse tomber. Tu ne peux pas comprendre.
Laisse-moi maintenant. ». Stéphane eut beau essayer de lui parler, il
s’excusa même de s’être énervé, mais rien n’y fit. Paul ignora complètement son
ami jusqu’à ce que celui-ci ne finisse par partir, las de ne pouvoir obtenir
quelque chose de celui qui avait été son meilleur ami.
Paul,
assit à son bureau, maugréait. Il venait d’avoir une discussion avec Sylvie. Il
lui avait expliqué qu’il n’était pas obsédé par sa cave et que ce n’était pas
un crime de ne pas voir ses amis pendant quinze jours. Elle lui avait objecté
d’avoir envoyé promener son meilleur ami et de s’être mis en froid avec lui.
Paul n’avait pas insisté et était descendu dans son atelier pour éviter que le
ton monte. Au bout de quelques dizaines de minutes le bruit de démarrage de la
voiture le sorti de sa rêverie. Il n’avait même pas entendu Sylvie sortir. Il
remonta et ne trouva bien entendu personne à l’étage. Il alla vérifier dans la
chambre d’Emilie mais sa mère l’avait emporté avec elle. Les placards de la
chambre de la petite étaient grand ouverts. Suspicieux, il entra dans leur
chambre et découvrit que leur armoire était dans le même état. Revenant au
salon, il trouva un mot sur la table qui confirma ses craintes. Sylvie lui
indiquait qu’elle partait quelques jours chez ses parents pour réfléchir
calmement à la situation. Sa première pensée fut le soulagement d’être enfin
seul et de ne plus risquer d’être dérangé. Mais il revint vite sur cette
impression et se lamenta que cela se terminer ainsi. Il se servi un whisky pour
faire passer la boule qu’il avait en travers de la gorge et de verres en verres
il fini par pleurer toutes les larmes de son corps. Ayant terminé d’épancher sa
peine il se leva, à moitié inconscient et descendit à la cave. Il n’avait de
toute façon rien d’autre à faire. Il reprit son ouvrage et passa sa nuit à
creuser. Il fini par s’endormir d’épuisement sur le sol argileux de la cavité
et dormi d’un sommeil sans rêve. A son réveil il reprit mécaniquement le
travail sans réfléchir, ne cherchant qu’à assouvir un besoin qu’il ne
comprenait pas lui-même.
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