Stéphane et Jean
étaient arrivés tôt ce matin. Les trois amis prenaient un café en attendant de
commencer le rangement. Jean n’était pas détendu. Sa femme devait accoucher
dans une semaine mais il avait la conviction que le petit Tom, c’était le nom
qu’il avait choisi pour son fils, serait en avance mais il était quand même
venu car Paul avait besoin de son camion pour emporter tout ce qu’ils devaient
jeter à la déchetterie. Paul avait terminé d’aménager le grenier du garage et
ils devaient monter les cartons dedans pour vider la future cave. Jean était
venu avec un camion de son travail. Ils pourraient donc aller tout jeter en fin
de journée. Sylvie était partie faire le marché pour leur préparer le repas.
Elle était radieuse à 6 mois de grossesse. Le groupe d’amis s’était soudé davantage
avec les naissances arrivées et attendus. Heureusement, toutes les grossesses
se passaient bien et les premiers accouchements avaient été réussit, laissant
les parents emprunts d’un souvenir merveilleux. Les trois amis se mirent
rapidement au travail. La matinée leur suffit à transporter les cartons dans le
garage. A la pause-déjeuner Jean s’empara du téléphone pour prendre des
nouvelles de sa femme. Celle-ci était avec sa mère pour plus de sécurité. Elle
était un peu fatiguée mais tout allais bien. Elle lui confirma que le petit
n’attendrait certainement pas une semaine et qu’avec un peu de chance ils
pourraient prendre le chemin de la maternité à la fin du weekend. Pour rassurer
Jean, Sylvie lui promis de rester à proximité du téléphone pendant l’après midi
au cas où il recevrait un appel urgent. Les trois hommes commencèrent
rapidement à vider la première pièce. Il n’y avait là que du bois pourri et de
vieux cartons désagrégés. Lorsqu’ils eurent terminé ils installèrent un
éclairage de fortune dans la seconde pièce. Là le travail fût plus compliqué.
Il y avait beaucoup d’affaires en vrac et ils prirent le temps de tout trier
pour le cas où ils trouveraient quelque chose d’intéressant. Paul trouva
quelques vieux outils qu’il décida de conserver et de nettoyer plus tard. Les
meubles étaient tous bon pour la décharge malgré, pour certain, une apparence
prometteuse. Ils avaient tous un coin abimé ou cassé quand il n’en manquait pas
carrément une partie. Le reste n’était que vieux papiers comme seules savent en
conserver les personnes âgées. Après avoir remué toute cette poussière les amis
prirent le temps de savourer une bière dehors pour respirer un peu. La lumière
du jour et l’air frais leur firent le plus grand bien mais par égard pour Jean
ils ne s’attardèrent pas. En redescendant, ils placèrent deux baladeuses
électriques dans la troisième pièce pour terminer le travail. C’était la
première fois que quelqu’un mettait les pieds dans cette pièce depuis qu’ils
avaient acheté. La pièce était assez petite et remplie d’un bric à braque impressionnant.
Il y avait là, pêle-mêle, des piles de vieux journaux, des panneaux de
différents matériaux et de toutes tailles ainsi que de vieux matelas. Ils
décidèrent de commencer par dégager les plus gros éléments afin d’y voir un peu
plus clair. Après avoir sorti dans le camion trois matelas de plumes éventrés
et une vieille maie dont il manquait un pied ainsi que le tablier ils
revinrent faire le tour de la pièce.
Hormis un bazar impressionnant il y avait sur le mur du fond un grand drap qui
semblait cacher quelque chose comme un très grand tableau. Stéphane commençait
déjà à libérer l’accès, visiblement intrigué par cet objet. Jean et Paul lui
vinrent en renfort. Au bout de cinq minutes Paul fut le premier à pouvoir enfin
toucher au drap. Il le tira à lui, plein d’espoir, mais quel ne fut pas sa
déception lorsque la chute de l’étoffe ne révéla qu’un large panneau de bois. Jean
suggéra de dégager le panneau au cas où il y aura quelque chose d’intéressant
derrière. Au bout d’une demi-heure, le panneau bascula enfin et révéla,
effectivement, une surprise de taille mais très loin de tout ce à quoi ils
s’attendaient. Derrière la planche il y avait une porte. Il s’agissait d’une
porte imposante mais de taille moyenne. La première chose qui les surprit fut
que cette porte était sur un mur extérieur et qu’elle donnait donc sur une
pièce, ou quoi que ce soit, en dehors de la maison. Le second point
d’interrogation fut de constater que cette porte avait été scellée au mortier.
Ils approchèrent des lampes pour l’observer de plus près. La porte était d’un
très bel ouvrage. Elle était composée d’un bois solide qui avait très peu
travaillé avec le temps. Elle avait été décorée sur sa façade d’un joli jeu de
courbes finement ciselé. Son seul défaut était trois encoches qui avaient été
gravée au couteau en haut à droite de la porte. Stéphane fut le premier à
rompre le silence. « Pourquoi avoir muré cette porte alors qu’il aurait
été aussi simple de la retirer ! ». Jean lui apporta la
réponse : « En fait c’est plus simple de laisser la porte et de
reboucher lorsque l’on a pas besoin de faire quelque chose de propre. En plus
la porte est d’un beau bois et il aurait été dommage de la casser. ». Les
trois amis conservèrent quelques temps le silence sans qu’aucun n’ose poser la
question : Pourquoi ? Et qu’y avait-il derrière ? Il y eu un
sursaut général lorsque du haut de l’escalier la voix de Sylvie retentie : « Jean !
C’est ta femme ! Il faut que tu partes tout de suite, elle est déjà en
route vers l’hôpital ». Ni une ni deux, Jean s’élança dans l’escalier pour
prendre le téléphone. Au bout du fil son beau père l’informa que sa femme et sa
belle mère venaient de partir. Allant partir il se retourna « Mince !
Le camion est plein ! Et vous en avez encore besoin ! » Stéphane
lui répondit « Ne t’inquiète pas : prend ma voiture. Tiens voilà les
clés ». Jean allait répondre lorsque Paul l’interrompit « Aller
file ! Ta femme t’attend et si tu n’y vas pas tout de suite c’est ton fils
qui ne va pas t’attendre ! ». Jean s’élança dans la cours en
direction de la voiture de Stéphane. Après cette courte pause Paul et Stéphane redescendit.
Ils continuèrent à débarrasser la cave en silence, comme gênés par cette porte.
Ce fut Stéphane qui le premier rompit le
silence : « Tu crois qu’elle donne sur quoi cette porte ? Si je
ne me trompe pas c’est le mur extérieur de ta maison ca ! Tu crois qu’ils
ont creusé une pièce supplémentaire sous terre ? ». Jean fut
sceptique : « Je ne sais pas … Je pensais plutôt qu’à l’époque
la porte devait donner sur l’extérieur et que l’ouverture de l’autre côté aura
été comblée avec de la terre. Il faudra qu’on la dégage pour essayer de
l’ouvrir. ». Stéphane le mis en garde : « On devrait attendre de
faire ca avec Jean : il a dit que la porte était d’une belle construction
et ne voulait pas qu’elle soit abimé. ». L’après midi passa et ils finir
juste à temps le chargement du camion pour pouvoir aller le vider à la
déchetterie. Entre temps Sylvie avait invité la femme de Stéphane à venir les
rejoindre pour diner, d’autant que Stéphane n’avait plus de voiture pour
rentrer. Juste avant le diner, Jean les appela pour les informer que
l’accouchement s’était bien passé et ils fêtèrent tous les quatre la nouvelle.
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